L'Association européenne d'irrigation (EIA) est profondément préoccupée par les difficultés économiques causées par les récents droits de douane américains sur les importations en provenance de l'UE, ainsi que par les répercussions potentielles des mesures de rétorsion de l'UE visant les exportations américaines.
L'escalade des tensions commerciales crée des défis majeurs pour le secteur de l'irrigation en Europe. Ces tensions compromettent la compétitivité mondiale des fabricants européens des deux côtés de l'Atlantique et perturbent la stabilité opérationnelle d'un secteur qui joue un rôle essentiel dans la gestion durable de l'eau, tant en agriculture qu'en milieu urbain. Cette situation met en péril la viabilité économique des entreprises d'irrigation basées dans l'UE et complique encore davantage l'adoption de pratiques durables par les agriculteurs et les gestionnaires d'eau privés et publics, ainsi que la réalisation des objectifs de sécurité alimentaire et de durabilité à long terme fixés par l'Union européenne. L'EIA exhorte la Commission européenne à négocier avec le gouvernement américain des exemptions tarifaires pour les produits d'irrigation européens et à exclure les produits d'irrigation américains des droits de rétorsion.
Les droits de douane nuisent à la compétitivité du secteur de l'irrigation de l'UE dans les deux régions.
L'imposition de droits de douane plus élevés sur les produits d'origine européenne par le gouvernement américain a rendu plus difficile la compétitivité des équipements d'irrigation européens sur le marché américain. Le secteur constate que ces droits de douane compromettent les relations commerciales de longue date et menacent les parts de marché et les ventes futures des produits d'irrigation fabriqués dans l'UE.
Les entreprises européennes risquent de perdre du terrain face aux fournisseurs de régions non soumises à des droits de douane et proposant des alternatives moins chères sur le marché américain, ce qui représente un risque pour les entreprises fortement dépendantes de la demande américaine. Les droits de douane américains sur les produits de pays tiers pourraient inciter ces pays à se concentrer sur l'Europe, proposant des composants et systèmes d'irrigation moins chers et de moindre qualité, ce qui soulève des inquiétudes en matière de sécurité par rapport aux produits fabriqués dans l'UE.
Toute contre-mesure de l'UE visant les systèmes et composants d'irrigation fabriqués aux États-Unis (qu'il s'agisse de plastique, d'aluminium ou de pièces électroniques) présente un risque sérieux de gonflement des coûts de production et de complexité des chaînes d'approvisionnement. Ces pressions sont particulièrement fortes pour les pièces spécialisées, pour lesquelles les sources d'approvisionnement alternatives sont limitées et la compatibilité avec les systèmes actuels est compromise. L'incertitude qui en résulte découragera l'investissement et l'innovation à long terme. Mais le principal risque réside dans le fait que les professionnels comme les consommateurs soient confrontés à une hausse des prix ou à une forte baisse de la qualité des produits.
Les entreprises d'irrigation pourraient être contraintes d'augmenter leurs prix pour compenser les coûts supplémentaires liés aux droits de douane de l'UE sur les importations américaines, ce qui risque de les rendre non compétitives et de mettre en péril des entreprises entières. La hausse des prix de vente compliquera l'accès des agriculteurs (en particulier des petites et moyennes entreprises), des urbanistes, des gestionnaires de terrains de sport et des particuliers à des solutions d'irrigation abordables et efficaces. Les utilisateurs finaux et les consommateurs pourraient alors fonder leurs décisions uniquement sur le prix, ce qui pourrait affecter significativement la qualité globale des installations d'irrigation.
Protéger le secteur de l'irrigation, c'est protéger les objectifs de développement durable de l'UE.
Les technologies d'irrigation mécanisées sont essentielles pour améliorer l'efficacité de l'eau dans les grandes exploitations agricoles, les espaces verts urbains et les terrains de sport. Restreindre l'accès à ces systèmes nuirait non seulement aux distributeurs et prestataires de services européens, mais limiterait également la capacité des agriculteurs et des urbanistes à adopter des pratiques plus durables. Les progrès en matière de sensibilisation aux avantages de l'irrigation et de la conservation de l'eau seraient compromis. Ceci est regrettable, car l'irrigation est cruciale pour la sécurité alimentaire, la durabilité urbaine et l'adaptation au changement climatique en Europe.
Toute perturbation de la disponibilité ou de l'accessibilité financière des technologies d'irrigation pourrait retarder l'adoption de technologies et de pratiques économes en eau (par exemple, l'irrigation goutte à goutte, l'irrigation intelligente, l'irrigation de précision) pour une agriculture et des systèmes alimentaires durables promus par le Pacte vert pour l'Europe et le programme « De la ferme à la table ». De même, les agriculteurs pourraient ne pas être en mesure de respecter les prescriptions environnementales liées à la PAC ou au FEDER, compromettant ainsi à la fois le respect des éco-régimes et l'accès aux financements (européens, nationaux et locaux) soutenant les pratiques d'irrigation durables. Quoi qu'il en soit, des subventions publiques ou des hausses de prix pourraient être nécessaires pour compenser la hausse des coûts, ce qui pèserait davantage sur les budgets nationaux.
L'agriculture ne serait pas le seul secteur touché par le manque de compétitivité du secteur européen de l'irrigation. Les infrastructures vertes urbaines et les espaces tels que les parcs publics, les cours d'école et les terrains de loisirs dépendent de l'irrigation. Les systèmes d'irrigation permettent aux villes d'entretenir des espaces verts, contribuant ainsi à réduire la pollution atmosphérique et les niveaux de CO2, objectifs de l'UE définis dans le Plan d'action « zéro pollution ». L'efficacité de l'irrigation est essentielle pour préserver l'investissement que représentent ces équipements, tout en préservant la biodiversité et les bienfaits pour la santé publique, qui sont également au cœur du Pacte vert pour l'UE. De même, les terrains de sport, qui nécessitent un arrosage régulier et contrôlé, pourraient subir une augmentation des coûts d'entretien ou une réduction de leur utilisation, particulièrement visible en saison sèche.
La Stratégie de résilience hydrique (SRE), récemment publiée, souligne l'importance de l'efficacité hydrique, de la numérisation et de la répartition équitable de l'eau en période de sécheresse. Pour atteindre ces objectifs, il est essentiel de disposer d'un secteur de l'irrigation innovant et rentable. Toute mesure commerciale perturbant les chaînes d'approvisionnement ou augmentant le coût des technologies d'irrigation aurait donc un impact direct sur les priorités de la SRE. Concrètement, la situation commerciale pourrait par exemple avoir un impact sur la mise en œuvre du règlement sur la réutilisation de l'eau dans les États membres. L'augmentation du coût des projets entravera leur développement et réduira la disponibilité d'infrastructures compatibles pour réutiliser en toute sécurité les eaux usées traitées.
Compte tenu de l'importance stratégique de l'irrigation pour les objectifs environnementaux et agricoles de l'Europe, l'EIA appelle la Commission européenne à négocier avec le gouvernement américain des exemptions tarifaires pour les produits d'irrigation européens et à exclure les produits d'irrigation américains des droits de douane de rétorsion. Cela permettrait de protéger le secteur contre de nouvelles perturbations économiques, de maintenir l’élan vers la résilience climatique et de garantir que les agriculteurs, les urbanistes et les gestionnaires de terrains de sport continuent d’avoir accès aux outils dont ils ont besoin pour gérer efficacement les ressources en eau.
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