Irrigation de terrains en pente avec des pivots

 

Sur un pivot, les arroseurs sont équipés d’un régulateur de pression, ce qui permet d’obtenir une pression uniforme sur tous les points de la parcelle.

 

Accompagnée d’Armel Morlet, responsable France Valmont-Irrigation, nous nous dirigeons vers l’exploita­tion agricole de monsieur Farina à Leyritz-Moncassin,  dans le Lot-et-Garonne, par une très belle matinée de la fin du mois de septembre. Ce lieu-dit se situe dans les coteaux de la Vallée de la Garonne. Après une heure et demi de route à travers  de magnifiques  paysages plantés de vignes, nous arrivons enfin sur l’exploi­tation.

Alain Farina nous accueille devant sa maison. Ce matin là, il est très occupé et n’a qu’une petite heure à nous consacrer. L’exploitation est de taille moyenne (150 hec­tares) et a la particularité de n’avoir que des terrains en pente. Nous reprenons la voiture et nous dirigeons vers le pivot Valley récem­ment acquis par M. Farina.

En arrivant sur les lieux, le terrain est en effet très en pente : soixante mètres de dénivelé entre la partie haute de la partie basse de la parcelle. Le pivot semble très sollicité et l’on peut se demander en le voyant  s’il ne va pas basculer ou céder. « Les pivots Valley possèdent  une articulation par rotule, ce qui les  rend très adaptables à la pente tout en étant résistants » explique Armel Morlet.

Par ailleurs, le pivot,qui mesure 3,90 mètres sous travée, a été réhaussé d’un mètre, ce qui a permis de franchir le talus et de passer au-dessus de la canopée. M. Farina envisage de rallonger son pivot d’une travée, car il est actuellement un peu trop court. Il a d’ores et déjà pris rendez-vous avec son distributeur afin qu’il vienne sur place ajouter une travée.

Autre difficulté sur un terrain en pente, obtenir une pression uniforme sur toutes les parties du champ. « Il y a 60 mètres de dénivelé d’un point à l’autre de la parcelle, ce qui représente un différentiel d’environ  6 bars de pression », explique M. Farina. Et il poursuit : « Avec un enrouleur, j’étais obligé de changer la taille de la buse. Sur un pivot, les arroseurs sont équipés d’un régulateur de pression, ce qui permet d’obtenir une pression uniforme sur tous les points de la parcelle ».

Autre avantage des pivots sur les enrouleurs, et non des moindres, il n’est pas nécessaire d’intervenir dans le champ pour  les déplacer, ce qui représente un gain de temps considérable. En effet, Alain Farina  est actuellement aidé par son père sur l’exploitation, mais celui-ci sera peut-être moins disponible et il ne pourra peut être bientôt plus compter sur lui. S’il se retrouve seul, il ne pourra plus gérer le déplacement des enrouleurs.

Grâce aux pivots, M. Farina  constate une augmentation de ses rendements de maïs : « Avec les enrouleurs, je faisais 120 quintaux de maïs maximum. J’ai fait 130 quintaux cette année ».

Ainsi, sur son exploitation, notre agriculteur est progressivement en train de remplacer les enrouleurs par des pivots. Il a acheté un second pivot d’occasion dans les Landes, qu’il n’a payé que 30 % du prix d’un pivot neuf et qu’il a monté lui-même. « C’est beaucoup moins cher qu’un pivot neuf mais il y a toujours des risques » précise-t-il. Un troisième pivot Valley est actuellement en commande.

Pour irriguer les deux parcelles sur lesquelles nous nous trouvons,  Alain Farina  puise dans  la rivière que nous apercevons en contrebas. Par ailleurs, un peu plus loin dans l’exploitation, il dis­pose d’une retenue d’eau privée. Il est aussi raccordé à deux réseaux collectifs.

 

« Il faut éviter la monoculture qui abîme les sols, et qui fait baisser les rendements »

 

Sur les 150 hectares de son exploitation, M. Farina pratique la rotation des cultures. Il alterne culture sèche et culture irriguée, car « quand on n’irrigue pas, on a une meil­leure structure du sol » précise-t-il. Sur la parcelle où nous nous trouvons, il vient de ramasser du maïs et plantera du blé le 15 octobre. Sur la parcelle d’à côté, c’est le contraire. Il y a actuellement du blé, qui sera bientôt  remplacé par du maïs. Le blé n’a théoriquement pas besoin d’irrigation, mais exceptionnellement cette année, « le blé a pris un aller retour de pivot ce printemps car il a fait très chaud. Mais je n’ai malheureusement pu en  arroser que la moitié car je manquais d’eau. J’ai fait entre 8 et 10 quintaux de blé de moins que les années précédentes » déplore-t-il. Sur son exploitation, il cultive également du soja et du colza : « La rotation des cultures est très importante car elle permet de travailler les sols en profondeur. Il faut éviter la monoculture qui abîme les sols, et qui fait baisser les rendements ».

Par ailleurs, Armel Morlet fait remarquer à notre agriculteur l’importance du plan de busage et du choix de l’asperseur pour la qualité et l’uniformité de l’arrosage. Ce choix et le positionnement des asper­seurs sur les travées doivent être raisonnés en fonction des contraintes hydriques du sol et du mode de conduite des cultures, de telle sorte que le recroisement des asperseurs soit satisfaisant, pour éviter qu’en cas d’été sec des irrégularités d’uniformité n’apparaissent. La qualité des asperseurs, de leur montage et de leur rappro­che­ment sur la travée se traduisent évidemment au niveau du budget à envisager. Ici, dans le cas présent, le pivot est équipé d’asperseurs Nelson positionnés avec cannes de descentes tous les 5,75m environ. Espacement convenable pour M. Farina, qui est satisfait de sa qualité d’arrosage et du mode d’installation des asperseurs.

 

« Irriguer coûte cher, environ 300 € par hectare, mais c’est une assurance »

Enfin, je questionne M. Farina sur la répartition des cultures dans son exploitation.

Actuellement, il cultive 50 % de blé, 20 % de soja, 20 % de colza et 10 % de maïs. Il choisit de faire telle ou telle culture en fonction de la rotation de cultures, mais aussi des cours mondiaux. Actuellement, les cours du blé et du maïs sont très bas. La surproduction en Russie les a fait baisser, « et avec nos charges élevées, ça passe difficilement » explique M. Farina « D’autant que les subventions de la PAC baissent d’années en années. Nous savons que dans très peu de temps, il va falloir faire sans », reprend-il. Il n’a pris que trois jours de vacances cet été.

« Irriguer coûte cher, environ 300 € par hectare, mais c’est une assurance » explique M. Farina D’autant que les années sèches semblent de plus en plus fréquentes.   

 

 

Le contexte :

• Installé à Leyritz-Moncassin en Lot-et-Garonne, monsieur Alain Farina cultive 150 hectares de céréales en rotation.

• Assolement 2017 :

75 hectares de blé,

30 hectares de soja,

30 hectares de colza,

15 hectares de maïs.

• Surfaces irriguées :

15 hectares de maïs avec deux pivots et des enrouleurs.

• Rendements moyens :

maïs : 130 q/ha (13 t/ha)