La culture du Palmier Dattier

Cette culture a accompagné toutes les civilisations anciennes et modernes du bassin méditerranéen à la mer Rouge, les plus anciennes traces de culture de palmiers dattiers se trouvent en Irak et datent de presque 3 000 ans.

Mon intention dans cet article est de vous parler de la culture des palmiers dattiers (Phoenix Dactylifère), de l’arrosage et de la production d’une culture peu connue en occident, mais très commune au sud de la Méditerranée. La production de palmiers dattiers se trouve surtout dans les régions arides et semi-arides, lieux où a été développée l’essentiel de la production de dattes dans le monde.

La consommation mondiale des dattes a tellement augmenté, que la production en 2025 sera de 30 % supérieure à celle de 2018.

 

Variétés plus utilisées de Palmier Dattier dans le Maghreb

Il est important, d’abord, d’établir quelle variété de palmier doit être plantée. Ce choix, dépend de la région de plantation. D’une part, certaines variétés vont être mieux adaptées aux conditions climatiques et du sol. D’une autre part, la popularité et préférence de l’usage de chaque variété des palmiers dattiers peut changer selon les marchés de la région où nous nous trouvons.

En général, les plus populaires sont :

• Mejhool.

• Deglet Nour.

• Boufeggous.

• Nadja.

• Bousekri.

Brève introduction aux méthodes de multiplication

• Par noix.                                     

• Multiplication par rejet.

• Multiplication in-vitro.

L’idée fondamentale avant d’acheter une variété de palmier dattier (Phoenix Dactylifère) ou autre, c’est la garantie de que tous les plants doivent :

• ne pas avoir les maladies du palmier dattier, ex. Fusariose (Bayoud du palmier dattier) ;

• avoir une garantie de 100 % de survie à la transplantation ;

• avoir une croissance rapide et avec une bonne vitesse de reproduction ;

• avoir besoin de moins d’eau que les boutures, dû à la stabilisation du système racinaire en laboratoire ;

• être facile à transporter.

La méthode la plus efficace est la multiplication in-vitro. C’est aussi la méthode la plus chère, mais, infaillible pour réussir la plantation.

Comment cultiver le palmier dattier et développer un marché profitable sans porter préjudice à l'environne­ment ?

• C’est très simple, avec un contrôle de toutes les étapes de production de nos cultures.

L’arrosage du palmier dattier

La croissance de la population, nous pousse à utiliser les ressources hydriques de manière plus efficiente, et le secteur agraire a un rôle essentiel à jouer. Le seul chemin à suivre pour assurer le développement des cultures, implique d’utiliser uniquement la quantité d’eau et d’engrais nécessaires à la culture. Et en même temps, nous allons augmenter la production !

Quelle est la tendance d’irrigation ? Actuellement, il y a beaucoup de régions où l’arrosage par submersion est le système d’irrigation le plus utilisé. Cette méthode, qui nuit à l'environnement, doit être remplacée par un système plus durable, comme l’arrosage goutte-à-goutte. La méthode est simple : envoyer l’eau seulement sur la zone racinaire ; c’est la seule technique qui permet de répondre aux besoins en eaux des palmiers dattiers, tout en contrôlant la consommation d’eau et en augmentant la production.

Premiers pas pour calculer les besoins hydriques de nos palmiers dattiers. C’est très important d’abord, de faire un calcul efficient des paramètres climatiques et agropedoclimatologiques de l’environnement au lieu de notre production. Ceux-ci nous facilitent la mesure exacte et le contrôle de tous les paramètres qui affectent nos cultures, comme la radiation, l’humidité, la température, la texture du sol et la pluviométrie.

Le facteur qui détermine la durée et la quantité d’irrigation, dépend toujours de l'évapotranspiration. C’est la clé pour déterminer les besoins hydriques de nos palmiers, mais, sur ce point, nous devons déterminer la qualité de l’eau, le type du sol, la salinité du sol et de l’eau, la température etc.

Après avoir calculé la quantité d’eau (en mm) nécessaire par jour et le jour de besoin hydrique maximum, nous devons appliquer le facteur de lessivage. Ici, nous augmentons la durée de l’irrigation pour lessiver les sels, ce facteur varie en fonction de la culture et de la qualité de l’eau. Le lessivage pour les palmiers dattiers est de 6,8 dS/m (Ayers & Westcot. 1976).

Généralement, le lessivage représente 10 à 30 % de plus en temps d’arrosage. Les besoins hydriques standards pour les palmiers dattiers sont de 60 à 70 m3/arbre/an en période chaude dans la zone de d’Errachidia (Maroc), et de 85 à 95 m3/arbre/an en Arabite Saoudite.

 

L’inévitable croissance de la consommation des dattes, qui est pourtant une culture avec des besoins d’irrigation vraiment exigeants, ne sera pas viable à long terme sans une méthode d’irrigation durable.

Plusieurs études sont déjà faites sur l’installation de l’irrigation localisée en palmier phoenix. Ce système d’irrigation a donné de très bons résultats en production et en préservation de la ressource en l’eau, écono­misant plus de 50 % d’eau avec une augmen­tation de 100 % de la production, de 50 kg par arbre à 100 kg par arbre.

En poursuivant cet article consacré au palmier phoenix, nous allons parler de la conception d’un modèle de plantation, par exemple, pour un écartement intensif de 7 x 7 m ; d’autres modèles d’irrigation localisée qui peuvent être très intéressants à développer dans les pays arides : des besoins hydriques de la culture des palmiers phoenix ; de l’irrigation goutte-à-goutte de surface (GGS) et du goutte-à-goutte enterré (GGE).

 

Conception d’un système d’irrigation goutte-à-goutte pour les palmiers dattiers

Que cherchons-nous lorsque nous avons à choisir un système d’irrigation pour nos palmiers dattiers ?

Nous devons penser au futur, aux solutions que nous donne la technologie pour préserver la planète.

Grâce à nos partenaires du Maroc, j’ai découvert la culture intensive des dattes. Ces partenaires m’ont montré comment élaborer un système d’irrigation standard sur 5 hectares, avec un bon système de filtration, la technologie des goutteurs autorégulants à grand débit et l’obtention de l’électricité grâce à des panneaux solaires. J’ai également appris comment  capter de l’eau d’un forage ou pomper l’eau d’un réservoir jusqu’au champ. Un projet vraiment magnifique.

Données de base de la conception agronomique d’un système d’irrigation

Nous pouvons calculer les besoins hydriques des palmiers en région aride au moment de besoin hydrique maximal (juin à août), grâce à la formule de Penman-Monteith. Nous parlons d’une quantité moyenne dans des conditions de non-stress de 51 m3/arbre/an.

Il est nécessaire de suivre les conditions climatiques pour obtenir l’évapotranspiration de référence (ETo) et en utilisant le cœfficient cultural (Kc), nous arrivons au cœfficient d’évaporation de la culture (ETc), etc. Ces paramètres sont clairs, il faut suivre l’équation de Penman-Monteith (Allen et al.. 1994).

Mais, maintenant, je voudrais me concentrer sur le mouvement de l’eau dans le sol, parce qu’il évolue notablement d’un sol à un autre, par exemple, d’un sol argileux à un sol sablonneux. Cette disposition de l’eau dans le sol va affecter la durée et la fréquence d’irrigation.

Dans les sols argileux, la perméabilité du sol est beaucoup plus compacte, et fait que l’eau reste dans la surface du sol assez longtemps pour avoir beaucoup de pertes par évaporation. D’autre part, dans les sols sablonneux la capillarité est très grande, et fait que toute l’eau appliquée passe aux niveaux inférieurs plus rapidement, en supposant aussi une perte d’eau par percolation.

 

Comment fournir toute cette quantité d’eau à chaque arbre avec un petit forage ? Nous avons deux méthodes, et je vais les illustrer avec deux exemples réels.Le premier est la méthode du goutte-à-goutte de surface (GGS), exemple au Maroc avec un système d’arrosage pour 5 ha.

• L’eau est capté par forages à une profondeur d’environ 80 m. Avec des panneaux solaires, l’eau est envoyée dans un réservoir de capacité variable en fonction de la surface et des besoins d’arrosage par semaine.

• Tête de filtration composé d’un filtre à sable avec deux filtres à disques capables de filtrer autour de 20 m3/h d’eau légèrement boueuse.

• Une pompe de 50 m3/h avec hauteur manométrique de 20 m pour les terrains plats.

Pour une production de palmiers de première année, sont installés deux tuyaux par ligne de culture avec 4 goutteurs Botton par arbre.

• Le débit de chaque émetteur sera de 25 l/h, et le débit total 100 l/h.

• Écartement pour cette disposition : 8 x 8 m.

• Durée de l’arrosage : 2 heures tous les 3 jours (deux fois par semaine).

La deuxième méthode est l’irrigation goutte-à-goutte enterrée (GGE). L’irrigation enterrée a de nombreux avantages :

• prévenir le développement des mauvaises herbes ;

•  éviter l’évaporation sur la surface des cultures ;

• éviter que les animaux comme les lapins, les renards et autres qui cherchent une source d’eau pendant la sécheresse ne rongent les tuyaux ;

• appliquer l’eau et l’engrais seulement dans la zone racinaire. Avec ce type d’arrosage, nous pouvons contrôler exactement la quantité d’eau et d’engrais que nous allons fournir à nos palmiers.

Il n’est pas seulement nécessaire de connaître l’installation et la manipulation de ce type d‘arrosage. Mais aussi, pour  bénéficier de tous les avantages du GGE, il faut compléter le système d’irrigation avec des composants comme :

•  les sondes d’humidité pour mesurer précisément les besoins hydriques des palmiers dattiers : l’irrigation commence quand il n’y a pas d’humidité dans le sol, et s’arrête quand le bulbe humide atteint la sonde que nous placerons à une profondeur où nous savons que les racines qui absorbent l’eau sont présentes ;

• les compteurs d’eau dans les zones à irriguer ;

• un système de fertirrigation efficient – il est nécessaire d’avoir un contrôle exact des doses à employer pour l’utilisation des acides ou des herbicides plusieurs fois par saison, pour éviter l’obturation des goutteurs et éviter aussi l’entrée des racines cherchant l’eau lorsque nos arbres soufrent de stress hydrique.

• une tête de filtration, indispensable pour avoir un bon con­trôle des particules qui peuvent obstruer nos goutteurs.

Les palmiers ont un système racinaire avec de multiples racines, c’est-à-dire, ces racines croissent en fonction des besoins hydriques et des nutriments qu’il y a dans le sol.

Donc, un écartement de 7 x 7 m est nécessaire pour augmenter la surface de production, avec un domaine d’application de 3,5 m, en utilisant un système de GGE, la rampe enterrée à 35 cm, pour éviter l’évaporation à moins de 20 cm, avec un écartement de 40 cm entre goutteurs et un débit de 3,5 l/h.

 

Conclusion

En termes d’économie, d’efficience d’utilisation de l’eau et de durabilité, le meilleur régime hydrique correspond à un apport de 60, 100 et 80 % de l’évapotranspiration maximale respectivement pour les périodes hivernales, printanières et estivales.

L’irrigation déficitaire contrôlée permet, par conséquent, une meilleure efficience de l’eau d’irrigation pour le palmier dattier. Ainsi, la stratégie du stress hydrique contrôlé contribue à la rationalisation des apports d’eau et par consé­quent à la durabilité des oasis, aquifères, rivières, etc.

Pourtant, mon expérience avec des systèmes d’irrigation GGE pour d’autres cultures et pays appliqués aux cultures des palmiers dattiers dans des régions plutôt arides de la côte méditerranéenne, ont obtenu des résultats formidables, et, à mon avis, ceci est le futur d’une agriculture plus efficiente, durable et économique au Maghreb.