Outils d’aide à la décision pour les golfs : sondes, monitoring

Actuellement, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, il se construit assez peu de nouveaux golfs. Avec une base installée de 600 golfs par an en France, on compte seulement un ou deux nouveaux golfs par an, contre une trentaine par an dans les années 90. Or, la plupart des golfs, construits dans les années 90 sont vieillissant et doivent être rénovés.

En France, les chantiers golf sont pour l’essentiel des chantiers de rénovation. Les travaux concernent générale­ment  les greens, les bunkers, mais aussi  la partie arrosage.

 

Rénovation des installations d’arrosage de golfs vieillissants

Les conduites des golfs construits dans les années 90 sont en PVC, et leur durée de vie est de 30 ans. La plupart des réseaux primaires construits à cette époque sont endommagés et connaissent de graves problèmes de fuite. Dès lors, la rénovation s’impose.

Pour la partie arrosage, la rénovation peut être envisagée de plusieurs manières :

- Soit on fait tout en une seule fois, en une année, ce qui demande un investissement important. Cela est possible lorsqu’un golf dispose de plusieurs parcours. Ainsi, on ferme un parcours au public pendant que l’autre reste praticable, et inversement. 

- Soit on échelonne la rénovation sur plusieurs années : le premier hiver, il est possible de ne rénover que les greens, puis l’hiver suivant  les départs, et enfin, le troisième hiver,  les fairways.

Il faut alors choisir un consultant et monter un dossier de rénovation. Le consultant fait une étude d’arrosage avec un cahier des charges, en respectant les demandes et les attentes de son client.

Sur les golfs d’ancienne génération, les fairways, ne comptaient qu’une seule ligne d’arroseurs et entre 200 et 250 directions, contre 2 ou 3 lignes d’arroseurs, selon la largeur du fairway, et 800 directions, aujourd’hui. Ce nouveau position­nement des arroseurs permet d’économiser de 20 à 30 % d’eau. Cela peut sembler paradoxale, mais plus une installation compte d’arroseurs, plus on économise de l’eau.

Et aujourd’hui, tous les arroseurs fonctionnent de manière individuelle : on est passé d’un système bloc, avec une électrovanne qui pilotait 3, 4 ou 5 arroseurs, à un système à vanne incorporée, où tous les arroseurs sont gérés individuellement, avec un logiciel.

Les logiciels ont également évolué. Dans les années 90, on mettait de l’eau pour mouiller. Aujourd’hui, c’est de l’arrosage sur mesure, avec l’efficience, l’homogénéité, le recoupement.

Sans oublier le back to back sur les greens : sur un green, on avait 4 arroseurs, on en a  8 aujourd’hui, 4 pour l’intérieur et 4 pour l’extérieur du green. Deux arroseurs sont posés au même endroit, un pour arroser l’intérieur du green et un autre pour arroser l’extérieur du green.  Ce qui permet de faire des économies d’eau et des économies d’échelle. Avant, le même arroseur arrosait l’intérieur et l’extérieur, ce qui créait des problèmes de sur-arrosage dans certaines zones.

 

Ajout de sondes et de stations météo

Concernant les outils d’aide à la décision, les sondes et les stations météo sont complémentaires.  Il faut toujours distinguer  la station météo qui calcule l’ET donc les évènements extérieurs et les sondes qui calculent le « taux d’humidité » sous la surface du sol.

La station météo raccordée au logiciel va permettre de calculer une valeur d’ET réelle et incrémenter quotidien­nement la quantité d’eau à apporter dans la nuit via le module du logiciel. L’ET est calculée à partir d’une formule, en tenant de compte de paramètres : la température, la pluviométrie, la vitesse du vent et la radiation.

Quand la station météo donne une hauteur d’eau, il est intéressant que le green keeper la retrouve en hauteur d’eau, et non en durée d’arrosage.  Dans ce cas-là, on fait un arrosage en mode « ET » et non en mode « durée ».

C’est important car on redonne chaque nuit la bonne hauteur d’eau à notre sol. Pas plus, pas moins. Je rappelle que 1 mm d’eau correspond à 1 litre par mètre carré soit 10 m3 par hectare, ça va très vite…

Seulement 5 à 10 % des golfs français sont équipés d’une station météo. Cela fait le trait d’union avec les agences de l’eau qui encouragent l’investissement dans une station  météo. Pour un golf de 30 hectares, l’investissement est de 5 000 à 6 000 €.

Or, le budget annuel d’un golf pour l’eau (pour ceux qui utilisent de l’eau potable) est de 200 000 à 300 000 €. Investir dans une station météo n’est par conséquent pas très lourd en terme d’investis­sement, compte  tenu des économies d’eau que cela permet.

Les sondes, qu’elles soient fixes ou mobiles, calculent le taux d’humidité dans le sol en croisant plusieurs paramètres (conductivité, température…).

À ma connaissance, aucune sonde n’est connectable à un logiciel d’arrosage automatique, donc c’est une aide à la décision que l’intendant va utiliser pour majorer ou minorer un arrosage.

La sonde va aussi servir à affiner les paramètres de la station météo (voir ci-dessous).

 

Sonde portative ou sonde fixe ?

Chacun solution a ses avantages :

• les sondes fixes reportent les données sur téléphone et ordinateur mais peuvent poser un problème de représentativité d’un green ou de l’ensemble des greens d’un golf.

• Les sondes portatives obligent un déplacement mais permettent plusieurs mesures sur différentes zones de jeu et évite la problématique des opérations mécaniques de plus en plus courantes sur les greens.

Enfin, j’aurai peut-être dû commencer par cela : pourquoi installer des sondes ? pour la qualité du  jeu ou pour économiser de l’eau ?

Si c’est pour combattre le sur-arrosage, c’est cohérent, mais encore une fois, le green n’est pas la surface la plus importante du golf.

Selon les golfs, 65 à 70 % des quantités d’eau sont consommés par les fairways qui représentent les surfaces les plus importantes et souvent les plus « sur-arrosées ». Dans ce cas pourquoi ne pas aussi utiliser les sondes sur fairway pour suspendre des arrosages synonymes d’économies d’eau, d’électricité, d’intrants…

 

Je termine en conseillant de croiser ces informations avec des agronomistes qui auront une vue plus spécifique (et peut être plus pertinente) sur le sol et la  plante.