Reportage : Production des fleurs sous serre aux Pays Bas

Par une matinée pluvieuse du mois de juin, accompagnée de Arjan Van den Berg,
responsable commercial chez NaandanJain pour le Nord de l’Europe, nous nous rendons chez des producteurs de fleurs dans la région du Westland, dans le Sud-Ouest des pays Bas.

Nous traversons un quartier résidentiel, sillonnés de serres et des maisons aux jardins soignées, et arrivons chez U Grand, un producteur de chrysanthèmes à la pointe de la technologie.

Lorsque nous entrons dans la serre, je suis frappée par l’atmosphère humide et étouffante  qui y règne, ainsi que ces étendues de fleurs colorées qui s’étendent à perte de vue. Des chrysanthèmes roses, jaunes et blanches se succèdent dans cette serre immense, sur plus de 10 hectares.

Les 4 piliers de croissance des fleurs : la chaleur, la lumière, l’irrigation et le CO2.

 « On atteint un niveau optimal de croissance de la fleur lorsque ces 4 piliers restent à leur niveau optimal » m’explique Arjan.

Et il ajoute  « les gros tuyaux blancs que nous voyons en hauteur traitent l’air afin de maintenir un bon niveau d’humidité dans la serre » . À cela s’ajoute un système de chauffage au sol, au niveau des fleurs, tuyaux dans lesquels circule de l’eau chaude. « La température idéale pour un dévelop­pement optimale des fleurs se situe entre 18 et 21° » ajoute Arjan.

Au plafond, nous apercevons deux types de lampes : des LED qui selon Arjan « sont économes en énergie » et des lampes de type Son-T qui « produi­sent de la lumière, mais aussi de la chaleur ».

 

Les fleurs sont arrosées avec un système de micro-aspersion

Les fleurs sont arrosées avec de l’eau de pluie. Des gouttières installées sur le toit de la serre permettent de récupérer l’eau de pluie. Elle est acheminée vers un réservoir à l’extérieur qui permet de stocker l’eau, et ensuite injectée dans le système d’irrigation.

Les fleurs sont arrosées avec un système de micro-asper­sion Green Spin de chez NaandanJain,  composé de deux rangs de micro-asperseurs espacés d’1,25 mè­tres. Le systè­me d’irrigation est placé à trois mètres au-dessus des fleurs.

Le système fonctionne en circuit fermé : l’eau qui a servi à irriguer les fleurs est récupérée, traitée et réinjectée dans le réseau d’irrigation. L’ensemble de l’exploi­tation est arrosée presque exclusivement avec de l’eau de pluie, sauf quand il fait vraiment très sec.

La coupe des fleurs est également automatisée. Une machine permet de couper les fleurs lorsqu’elles arrivent à maturité. Si les 4 piliers sont maintenus à un niveau optimal, toutes les fleurs sont à la même hauteur. La régularité des fleurs est impressionnante. Trois personnes ramassent les fleurs, et puis le jour suivant, ils replantent, avec une autre machine.

Il s’écoule 8 semaines entre le moment où les fleurs sont plantées et le moment où elles arrivent à maturité. Et dans la serre, il y a des fleurs à toutes les étapes de leur développement. Certaines viennent d’être plantées, d’autre sont à mi-croissance et enfin, certaines sont arrivées à maturité. Ainsi, tous les jours de l’année,  notre agriculteur peut vendre ses fleurs. Les couleurs sont choisies en fonction des évènements: 8 jours avant la Saint-Valentin par exemple, des fleurs rouges sont plantées, 8 jours avant la fête des mères, ce sera du blanc…..

Des fertilisants sont injectés dans l’eau d’irrigation en permanence, mais à très petite dose.

Ainsi, c’est une production à la pointe de la technologie, et les fleurs sont surveillées comme de l’huile sur le feu, chaque jour, pour maximiser le rendement et la qualité.

À la sortie de la serre, une chaine automatique sur laquelle travaillent plusieurs salariés permet de faire des bouquets. Il y a deux types de présentations pour les fleurs : soit sous la forme bouquets pour la vente directe, ou bien dans des barquettes sur des charriots pour la vente aux enchères.

 

M. André Reijm producteur de lys

 

Nous allons ensuite visiter un second producteur, de lys cette fois ci, M. André Reijm, dont la société s’appelle Double Check Lily. M. Reijm a 12 hectares de Lys, dont 4 ici.

 

Lelium greehouse

La production de lys ressemble à celle des chrysanthèmes avec quelques petites différences cependant :

• les lys sont plantés dans des pots et non en pleine terre, ce qui permet un meilleur contrôle ;

• il y a un double système d’irrigation : de la micro aspersion en hauteur, mais aussi un système goutte-à-goutte au niveau des racines. En hiver, seul le système goutte-à-goutte est utilisé ;

• concernant l’éclairage, le besoin des lys est moindre que celui des chrysanthèmes et la serre est équipée de lampes de type Son-T uniquement, permettant également de chauffer ;

• le cycle du lys est de 12 semaines, et comme pour les chrysanthèmes, ils sont coupés et replantés, mais cette fois, il s’agit de bulbes, et la qualité de la terre est très importante ;

• les lys sont ramassés en 4 fois pour avoir une uniformité égale des fleurs.

M. Reijm produit 20 millions de lys par an. Actuellement, avec la guerre en Ukraine, il pâtit de la hausse du prix de l’énergie, qui représente 30 % de l’ensemble de ses coûts.

Les lys sont vendus aux enchères.

 

La vente aux enchères

La plupart des fleurs produites aux Pays Bas sont vendues via Flora Holland, une société coopérative néerlandaise de producteurs de fleurs, maison de vente de fleurs aux enchères la plus importante au monde. La société est implantée sur six sites : Aalsmeer, Naaldwijk, Rijnsburg, Venlo, Bleiswijk et Eelde.

Nous nous rendons sur le site d’Aalsmer à 6 heures du matin. Ari Bezemer, le directeur, nous accueille. La vente aux enchères a été créée il y a 120 ans, les producteurs de fleurs cherchaient alors des circuits de distribution pour vendre leurs fleurs. C’est une coopérative, ce qui signifie que les producteurs en sont propriétaires. Pour pouvoir vendre sa production via les enchères, il faut être membre de la coopérative. Aujourd’hui, les fleurs ne viennent plus seulement des Pays Bas, mais aussi d’Israël, d’Éthiopie et du Kenya.

Nous nous dirigeons vers la salle des enchères et voyons la progression des ventes sur des horloges. Ari nous explique « Les clients sont partout dans le monde. Il y en a 6 000 et ce sont essentiellement des grossistes ou des chaînes de magasins ». Et il ajoute : « très peu de clients sont présents. La plupart achètent la marchandise de chez eux, sur leur ordinateur ».

Chaque vente se fait très rapidement sur les horloge. Toutes sortes de fleurs sont vendues : lys, roses, chrysanthèmes, gerberas… Si les fleurs ne trouvent pas preneurs, elles sont jetées. Le système des enchères permet de fixer le prix du marché ce jour. Les agriculteurs sont payés chaque semaine, et mettent en vente des fleurs chaque jour.

Autrefois, toutes les ventes se faisaient aux enchères, mais aujourd’hui, la moitié de la marchandise est vendue en direct, et l’autre moitié aux enchères.

Nous nous dirigeons ensuite vers l’entrepôt où sont stockées les fleurs. Il fait très froid et nous voyons une multitude de chariots chargés de fleurs. Ari explique : « Selon la production, les chambres froides sont à 8° ou à 2°. Les lys, plus fragiles, doivent être conservées à 2° ».

Aujourd’hui, toute la marchandise ne transite plus par les sites de Flora Holland. Certaines ventes se font uniquement sur photo.

 

15 millions de fleurs sont vendues chaque jour par Flora Holland. Les principaux pays de destination sont les Etats-Unis, l’Europe et les pays du Golf, la Russie était également un gros clients mais toutes les ventes ont été stoppées à cause de la guerre.