Système de refroidissement et de protection anti-gel sur les avocats dans une ferme près de valence (Espagne)

Je me suis rendu dans l’exploitation agricole de Henrique Torrente à Torrent dans la communauté de Valence accompagné de José Navarro, responsable technique chez NaandanJain Spain. Originellement spécialisé dans la culture des mandarines, comme la plupart des agriculteurs de la région, l’agriculteur espagnol s’est diversifié il y a trois ans dans de nouvelles cultures à forte valeur ajouté : l’avocat et le kiwi.

Dans la région, M. Torrente est l’un des pionniers de la culture de l’avocat. Ici, il cultive 8 hectares d’avocat et 11 hectares d’agrumes. Et à quelques kilomètres de là, dans une seconde ferme, il cultive des kiwis.

La culture de l’avocat est très délicate car c’est un arbre d’origine tropicale ou sub-tropicale d’Amérique Centrale et du Mexique.

Certaines variétés d’origine mexicaine ont été sélectionnées, pour leur rusticité et leur capacité à résister à des gels modérés, permettant la culture de l’avocat dans des régions méditerranéennes comme la Corse ou le sud de l’Espagne. Il existe une petite production dans ces régions. L’avocat européen est plus petit, à la peau lisse, et très savoureux !

M. Torrente nous explique : « Deux problèmes se posent : le gel et les très fortes chaleur des mois de juillet et août dans le sud de l’Espagne ».

Il y a seulement 4 à 5 jours de gel par an dans la région. C’est pour son extrême douceur que la région de Valence est propice à la production d’avocat, mais un jour de gel suffit à gâcher une récolte.

Par ailleurs, de fortes chaleurs sévissent dans la région en été, quand le vent vient de l’ouest. Si l’on a un épisode de chaleur lorsque les fleurs arrivent à maturité, c’est très mauvais car elles peuvent faner et cela vient fortement impacter la récolte de fruits.

 

Un système de micro-aspersion pour le refroidissement et l’antigel

C’est pour parer à ces deux risques que notre agriculteur a décidé d’installer un système de micro-aspersion qui sert à la fois de protection antigel en hiver et de système de refroidissement (cooling) l’été.

 

micro-sprayers

Les micro-asperseurs sont positionnés en hauteur, bien au-dessus des arbres (les arbres font au maximum 1 mètre de haut). Quatre mètres séparent chaque arbre et 5 mètres chaque rangée d’arbres. « Cet espacement des arbres est volontaire, car il faut suffisamment de lumière pour stimuler leur croissance et d’espace pour que le refroidissement soit optimal » explique M. Torrente.

Et José Navarro ajoute : « la taille des gouttes des micro asperseurs est très importante ; elles doivent être optimales pour obtenir une uniformité optimale de l’arrosage ». 

Concernant la protection antigel, lorsqu’elle est activée, soit 4 ou 5 jours par an, tous les micro asperseurs sont mis en route. « Pour le refroidissement, il est fréquent que l’on n’arrose seulement certains secteurs de la ferme », nous explique M. Torrente.

 

À ces micro asperseurs s’ajoutent un système d’arro­sage goutte-à-goutte classique pour l’irrigation et l’injection de nutriments

Le système goutte-à-goutte est posé au sol et vient compléter le système de micro-aspersion.

J’interroge M. Torrente sur les besoins en eau des avocats. Selon lui : « Les arbres ont un besoin maximum en eau en juillet-août, de l’ordre de 50 litres par jour et par arbre. En octobre, je n’arrose que 3 ou 4 jours par semaine, et en décembre-janvier, seulement deux ou trois jours par semaine ».

Depuis deux ans, notre agricul­teur a équipé sa ferme de sondes Root Sense. Les sondes sont installées à trois niveaux différents de profondeur et notre agriculteur fait des relevés 8 fois dans l’année. 

Il récupère les données sur son téléphone portable, qui indique à un instant t les besoins en fertilisants des cultures. Et il peut déclencher les irrigations et la fertili­sation à partir de son téléphone portable ; cependant, rien ne remplace le facteur humain. Selon lui, « les sondes sont un outil très intéressant, mais je croise toutes les informations et c’est moi qui au final, prend les décisions ».

 

L’eau provient d’un forage mis à disposition d’une communauté d’irrigants

L’eau n’est pas un problème dans la région de Valence. Il existe des communautés d’irri­gants qui sont autorisés à puiser dans des puits qu’ils partagent. Sur sa ferme, M. Torrente puise de l’eau dans deux forages. « C’est un bon système car les agriculteurs ont toujours de l’eau » explique M. Torrente.

L’eau est ensuite filtrée : la ferme est équipé de deux filtres (Amiad et STF Filtros), un pour le réseau de  micro-aspersion et l’autre pour le réseau de goutte-à-goutte.

La ferme est par ailleurs équipée d’un programmateur Progrès Agronomic 2500 et l’arrosage est divisé en trois secteurs.

 

Peu de fruits cette saison

« Il y a eu peu de fruits cette année », explique M. Torrente, « car le printemps a été frais et pluvieux. La pluie a empêché la pollinisation par les insectes ».

Le rendement moyen d’un avocatier est de 18 à 20 kilos par arbre, et M. Torrente n’a récolté que 10 kilos par arbre. Autre explication : sa ferme est très jeune, les arbres ont été plantés il y a trois ans seulement.

Par ailleurs, les agriculteurs sont confrontés à la fluctuation des prix et à l’augmentation du coût de l’énergie. Lorsqu’il plante, il est fréquent qu’il ne connaisse pas le prix de vente de ses fruits. C’est pour cela qu’il s’est diversifié et cultive maintenant trois types de cultures différentes.